Rose Rosa, Laurence Gay Pinelli
Laurence Gay Pinelli
Et si, derrière le pêcheur taiseux que Rose cherche à rencontrer se planquait une bombe. Un texte fort, sensible, décalé où les apparences sont trompeuses. Les réalités apparaissent à fleur d’eau.
Le prix initial était : CHF 30,00.CHF 25,00Le prix actuel est : CHF 25,00.
Rose Rosa
Le début de la nouvelle
- L’air de la mer ça conserve, c’te rigolade !
La lourde tête accompagne l’exclamation d’un mouvement rapide d’essuie-glace. Je me sens un peu bête avec mon bavardage à la noix pour casser son silence de travailleur de la mer. Ici sur son bateau, on hiérarchise au besoin et à la nécessité. Moi la journaliste, je sers à quoi ? A lui balancer des poncifs sur les bienfaits de l’air marin. Si je continue, je le sens, je risque de suivre le chemin de ses dragues. Vlan, par-dessus bord !
La vie des marins, je la connais pas. Ni de près, ni de loin. J’ai grandi dans le Rhône, plus précisément dans le couloir de la chimie. Un endroit où, à défaut de cabillaud, on stocke pétrole, gaz et autres joyeusetés aux terminaisons en « ylène » et « ane ». De la belle broderie en bordure d’autoroute et zones urbanisées.
Je sais pas comment le prendre, ce grand costaud qui ressemble comme deux gouttes d’eau au chanteur des Pogues, Shane MacGowan, et me snobe depuis mon arrivée. Mon père, manutentionnaire dans le transport, chargeait et déchargeait les camions. Cariste. Son transpalette, ça lui a économisé un dos… Le brin de causette avec l’ouvrier, ça fait partie de mon répertoire. Je trouve d’instinct la note juste du respect. Mais là, va savoir pourquoi …
Par quoi commencer ? Un portrait de l’homme ou celui du panorama, la mer, la couleur, les longs rouleaux, le visage assaisonné aux embruns, le tremblement du bateau, les odeurs de gazole, le poisson diamant humide, les mouettes engluées au gras du Mac Do du port, la journée du pêcheur et les auspices de sa condition ? Le sillage n’a rien d’étroit mais je suis perdue. En rade. C’est con, moi qui ai fait des pieds et des mains pour embarquer. J’en avais ma claque d’un écosystème qui me fait la tête en forme de clavier et de mon open space aussi grisant qu’un tambour de machine à laver. L’ère du numérique me cloisonne, m’emprisonne.
J’avais besoin d’air.
Ce que Laurence Gay Pinelli dit de sa nouvelle
"Franck, un marin, et moi, journaliste, travailleuse de l'amer. Que donne la pêche ce jour ? Du lourd, du très lourd. Mais pas de quoi inverser le cours des marées."
Impressum
Ce Leporello est fabriqué en Suisse. Il fait partie de la collection Les Voyages immobiles. Il contient 17 volets au format 110 x 220 mm, 8 plis croisés. Il est imprimé en sérigraphie à 500 ex., numérotés et signés, sur papier Gmund Hanf 120 g/m2.
La couverture est imprimée en sérigraphie sur carton gris qualité relieur 1050 g/m2, puis embossée sur presse typographique.
La finition, le pliage et la reliure sont réalisés artisanalement par l’atelier Gschwend-Rhyn, à Berne.
ISBN : 978-2-940742-17-2
Texte : Laurence Gay Pinelli
Illustrations : Silvain Monney – silvainmonney.ch
Mise en page : Joanne Matthey – codco.ch
Impression sérigraphique : Thomas Mottet – colormakerz.ch
Impression typographique : Imprimerie de la Tour
Reliure : Atelier Gschwend-Rhyn – gschwend-rhyn.ch
Musique : Jean-Sam Racine – lesfreckles.net
Voix : Yvette Théraulaz
Ingénieur son : Bernard Amaudruz – artefax.net
Éditeur responsable : Pierre Crevoisier
Tous les Voyages immobiles
10 Leporello de la collection Les Voyages immobiles. Les nouvelles savoureuses de dix autrices et auteurs publiées sous la forme d’objets littéraires exceptionnels, entre le livre et l’objet d’art, illustrés par Silvain Monney et ses papiers découpés.
Chaque abonné recevra, chaque mois, un petit cadeau de lecture dans sa boîte-aux-lettres personnelles.