Retours, Vivienne Baillie Gerritsen

Vivienne Baillie Gerritsen

Le récit délicat et nostalgique revisite les images d’une parenthèse de vie dans la campagne romaine. À la recherche des couleurs, des odeurs et des mots qui ont peuplé une adolescence et que l’on a gardé précieusement, comme un arbre à planter.

CHF 25,00

Leporello #7, Retour, Vivienne Baillie Gerritsen
Retours, Vivienne Baillie Gerritsen

Retours

par Vivienne Baillie Gerritsen

Le début de la nouvelle

Je t’ai mise dans une bouteille en plastique remplie d’eau, que j’ai fermée et ramenée chez moi. J’ai veillé sur toi durant des semaines. Je ne t’ai pas sortie de ta bouteille de peur que tu te sentes trop dépaysée. J’ai juste coupé le goulot afin que tes feuilles puissent s’aérer. Chaque jour, j’ai changé l’eau. Tes feuilles sont restées belles et fermes, je savais donc que tu vivais. Mais je voulais plus. Je voulais que notre eau t’apprivoise, que ses minéraux titillent tes cellules qui, séduites, se multiplieraient pour donner naissance à une racine, au moins. Une seule m’aurait suffi, tu sais. Mais ce matin, à l’extrémité d’une feuille, surprise : en voilà sept. Sept suggestions de racines. Une joie nous submerge lorsque nous voyons quelque chose naître. Instinct animal, sans doute, ayant à voir avec la reproduction ou la promesse d’une source de nourriture. Quoiqu’il en soit, là, dans ma cuisine ce matin, après une longue hésitation, tu viens de me faire savoir que c’est ok, tu veux bien continuer à vivre avec moi ici.

Je descends du train.

Plus de quarante ans que je n’y suis plus retournée. Il y a comme un air de Bagdad Café. Autour de moi, tout est immobile, silencieux. D’un côté du quai, d’immenses champs jaunis par la sécheresse d’un été chaud qui perdure. De l’autre, une maison. Petite, elle ressemble à celle que l’on dessine enfant. Quatre fenêtres, une porte d’entrée, un toit, une cheminée. Gosse, je rajoutais volontiers un pommier ou une plante grimpante mais ici poussent des oléandres. À gauche de la maison, une cabane fait office de WC pour hommes, femmes, enfants et handicapés. À sa droite, une autre abrite de grandes manivelles. À l’arrivée du train, une femme s’y précipite pour actionner l’une d’elles. Les cigales chantent. Une voiture passe. Au loin, un chien aboie. Le train démarre et quitte la gare, dévoilant par la même occasion un panneau sur lequel est inscrit : SACROFANO.   

Ce que Vivienne Baillie Gerritsen dit de sa nouvelle

"Avez-vous déjà eu l’envie de retrouver un passé dont les contours se sont estompés avec le temps? Un passé, pourtant, qui n’a cessé de vous titiller, comme un murmure à peine audible mais là, présent, persistant. Puis, un jour, il resurgit vraiment. Ne vous reste, alors, qu’une seule solution : lui rendre visite. Reprendre le chemin, remonter le fil des années, pour entrevoir ce qui s’y trouve, ressentir ce qu’il en reste, ce qui s’est sédimenté en vous."

Vivienne Baillie Gerritsen

Impressum

Ce Leporello est fabriqué en Suisse. Il fait partie de la collection Les Voyages immobiles. Il contient 17 volets au format 110 x 220 mm, 8 plis croisés. Il est imprimé en sérigraphie à 500 ex., numérotés et signés, sur papier Gmund Hanf 120 g/m2.

La couverture est imprimée en sérigraphie sur carton gris qualité relieur 1050 g/m2, puis embossée sur presse typographique. 

La finition, le pliage et la reliure sont réalisés artisanalement par l’atelier Gschwend-Rhyn, à Berne.

ISBN : 978-2-940742-15-8
Texte : Vivienne Baillie Gerritsen
Illustrations : Silvain Monney – silvainmonney.ch
Mise en page : Joanne Matthey – codco.ch
Impression sérigraphique : Thomas Mottet – colormakerz.ch
Impression typographique : Imprimerie de la Tour
Reliure : Atelier Gschwend-Rhyn – gschwend-rhyn.ch
Musique : Jean-Sam Racine – lesfreckles.net
Violoncelle : Elsa Dorbath – elsadorbath.com
Voix : Sophie Pasquet Racine
Ingénieur son : Bernard Amaudruz – artefax.net
Éditeur responsable : Pierre Crevoisier

Retours, Vivienne Baillie Gerritsen

Le récit délicat et nostalgique revisite les images d’une parenthèse de vie dans la campagne romaine. À la recherche des couleurs, des odeurs et des mots qui ont peuplé une adolescence et que l’on a gardé précieusement, comme un arbre à planter.

CHF 25,00