Le ventre de la baleine

L'amour, enfin, l'amour, une forme de gymnastique mêlée à la tauromachie, elle l'avait connu sur la banquette arrière d'une voiture qui sentait le fromage avarié et la cigarette froide. C'était un soir d'hiver, au dernier tiers d'un match de hockey. L'autre, un grand, lui avait mis la main au cul et elle s'était laissée entraînée hors de l'enceinte à la faveur d'une explosion, la joie d'une foule exaltée par une rondelle finement placée au fond du but adverse.

Sa rondelle à elle avait éclaté juste après, prise à la hussarde, sans finesse excessive, la gueule écrasée contre le cuir d'un siège, les fesses en l'air, le froid de l'hiver, la culotte à peine au genou, lui derrière, les mains agrippées à ses plis, de chaque côté, quelques coups de butoir, un souffle de taureau en rut, des han han de fond de gorge et tout était terminé. Le mec sortait déjà de la voiture en reboutonnant sa braguette. Elle vit s'éloigner une dégaine en contre-jour, de petits nuages de vapeur précipitée l'accompagnaient. Il faisait moins 10 degrés et elle avait 17 ans.